A Simple Day Outside
Eric Bourguignon - Peintures / Maryl Le Berre - Photographies
A mesure que l’espace urbain prend de plus en plus de place dans le monde contemporain, conséquence d’un exode rural massif unique dans l’histoire de l’humanité, et quoique de l’avis général nous n’ayons jamais été aussi « connectés » les uns aux autres, un constat semble pourtant s’imposer. Jamais n’avons nous été aussi éloigné de notre biotope original, de la nature dans laquelle les hommes évoluaient alors même qu’ils en étaient encore à découvrir le feu, tribus nomades en quête de nourriture et de sécurité.
Trente cinq mille ans après que la main de l’homme a tracé des silhouettes animales sur les parois de la grotte Chauvet, ces besoins primitifs, nourriture et sécurité, n’ont toujours pas changés. Sommes nous donc, aujourd’hui, sortis de la proverbiale caverne platonicienne pour entrevoir autre chose que des ombres suite au développement de notre espèce ? Ou n’avons nous fait que nous voiler le regard sur nos origines en pensant approcher la réalité du monde ?
A Simple Day Outside, la nouvelle exposition accueillie par Point Rouge Gallery, s’est donnée pour but d’opérer un retour aux sources. De faire entrer à nouveau dans nos vies, via le vecteur de l’art, les émotions originelles dont les animaux urbains que nous sommes manquent cruellement. A la fois ode à la nature, aux espaces ouverts et à la liberté du corps, A Simple Day Outside est une respiration : un suspend...
 

Eric Bourguignon
Né en 1968, travaille dans les Yvelines
Comme ces plantes carnivores dont les couleurs chatoyantes attirent les insectes, les toiles d’Eric Bourguignon usent de stratagèmes colorés, induisant, l’air de rien, le spectateur à porter son regard sur des œuvres qu’il croit inoffensives pour mieux se jouer de lui dès que l’œil s’y s’attarde.
Le piège refermé, tout est dit. Les compositions guident alors le regard sans jamais le forcer vers des espaces contemplatifs et envoûtants, et seul un certain effort permet de s’extraire de ces toiles méandreuses aux subtiles gammes abstraites et quasi musicales.
Eric Bourguignon n’est pas un peintre. C’est un faiseur de piège.
Jean-Daniel Mohier
 


Maryl Le Berre
Née en 1948, travaille dans les Yvelines
Les corps ont toute leur place dans les photographies de Maryl Le Berre : généralement hors norme, obèses ou faméliques leur nudité est abandonnée à la morsure des éléments, à tous les vents, à toutes les eaux, à tous les sols.
En captant les innombrables interactions entre les corps et les sols bruts et aqueux où ils reposent ou dont ils essayent de s’extraire à coup de contorsions improbables, Le Berre touche au plus près l'humanité naissante, la fin du règne animal, le monde à venir porteur d'espoir mais augurant toute des futures difficultés. C'est un baptême symbolique et païen, dont les tirages argentiques, passant d’un bain à l’autre et « révélant » l’image, apporte la dernière touche à un rituel quasi baptismal.
Jean-Daniel Mohier