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Point Rouge Gallery
Emmanuel Fey
    peinture
 
27 avril - 22 mai 2010
vernissage mercredi 28 avril  à 18H
 

« A Life Less Binary »
 
Emmanuel Fey est né à Metz en 1981, il a suivi la totalité de ses études à la faculté d’Arts Plastiques de Metz. Il expose son travail depuis 2001 dans plusieurs galeries en France mais aussi à l’étranger. L’art fait parti intégrante de sa vie ; artiste et graphiste, il coopère à différents projets, et forme   depuis 2005 avec deux artistes plasticiens le collectif Framboises Métalliques qui à travers différents médias (photographie, mise en espaces, performance filmée…) cherche à questionner le rapport à l’espace et au temps.
 
La peinture comme une nécessité, une évidence, comme un médicament, une gélule de bien-être ; elle lui permet d’extérioriser ses angoisses. C’est ainsi qu’au cœur de sa toile, l’artiste intègre le monde extérieur pour le confronter à ses propres démons, monstres qui le rongent.
 
Une peinture tourmentée, ancrée dans une réalité déformée ! Le spectateur pénètre dans une autre dimension, un univers parallèle où les personnages aux dents acérées, la bouche grande ouverte, à l’instar de prophètes tentent de délivrer au monde un message. Peut-être un avertissement sur un monde qui ne tourne pas rond. Scientifiques à l’éthique plus que douteuse, créatures issues d’expériences interdites, ordinateurs qui s’émancipent, arbres prenant les armes, autant d’étranges et inquiétants protagonistes. Rien ne va plus, les couleurs explosent comme des bombes, les messages d’alertes se propagent et envahissent l’espace de la toile. Une peinture dans laquelle la signalétique est primordiale, des signes permanents : les « croix rouges » qui renvoient à l’univers médical semblent avoir un rôle curatif, une sorte d’onde réparatrice comme si l’artiste tentait d’apaiser  les maux du monde. Une médecine de dernier recours : combattre le feu par le feu, la folie par la folie. Un monde idéal où pour chaque problème existe un médicament.
 
L’artiste peint avec ses tripes, son cœur et son âme. Une peinture généreuse, il aime en faire trop, insister comme pour remettre le couteau dans la plaie. Les signes et textes répétés à leur paroxysme se fondent dans la toile pour devenir une trame de fond, un message subliminal entre présence et absence. Autant d’informations pouvant conduire à l’indigestion, mais ce n’est en aucun cas le but recherché par l’artiste : ce sont au contraire des pistes, des seconds degrés de lecture répétées en boucle, un « bug ». Avec un regard ironique  Emmanuel Fey nous présente non pas un monde meilleur mais un monde « pire » car au final il ne tente pas de soigner quoi que ce soit, mais s’amuse simplement, transforme ses doutes et ses peurs en un terrain de jeu illimité, considérant le monde comme une vaste pépinière de thèmes à déconstruire et à  réinterpréter.
 
« A life less binary » est une critique d’une société qui serait trop binaire, ou le seul choix ne se résumerait qu’entre le 0 et le 1, entre le bien et le mal. Des situations manichéennes, aussi absurdes soient-elles ! C’est ainsi que les suites de codes binaires s’inscrivent sur la toile. Des ordinateurs appartenant à une époque incertaine affichent leurs inlassables calculs logiques, mais l’accident n’est jamais très loin. Qu’arriverait-il si un troisième chiffre venait s’intercaler entre ce « 0 » et ce « 1 », symboliserait-il un autre choix possible, une alternative ou ne serait-ce qu’une malencontreuse erreur ? Un « bug » informatique ? Lorsque l’artiste  fait intervenir la science dans sa peinture, et en détourne les termes savants tels que « nano technologie », « sursaut gamma », « eau lourde », il renforce encore davantage sa volonté de déconstruire le réel et de pousser les absurdités du monde à leur summum.